Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
TAKE A BREATH
27 août 2015

REDESCENTE PACIFIQUE

Après un petit déjeuner composé de soupe, riz, champignons, poisson, algues, haricots verts et omelette, qui surprend mais ne déstabilise pas Maël, "trop de verdure pour un petit déj' ", discussion avec une jeune fille de l’auberge qui parle anglais. Elle nous demande notre circuit, où nous habitons en France. Elle a visité Paris l’année dernière à l’occasion d’une visite à sa jeune sœur qui est à la fac à Bordeaux. « Qu’avez vous préféré à Paris ? » « The wine » répond elle sans hésiter. Nous traînons sous le soleil dans la rue principale de Tsumago. Tout est encore fermé dans le village musée à l’exception du petit bistrot repéré hier. Café glacé en attendant notre taxi. On se déchausse et on s’assied à une petite table entourée de livres.
Le patron est à la retraite, parle un anglais parfait. Il a bossé 20 ans pour une boîte américaine au Japon, je ne sais plus laquelle mais quand j’ai mentionné Kodak, où j'ai travaillé pendant 10 ans, il a souri : « same story » a t’il lâché. Nous parlons jazz, cela fait chic mais cela colle vraiment au charme cool de son Café.
Un couple d’une soixantaine d’années entrent. Ils sont d’Angers et voyagent un mois complet au Japon, du nord au sud. Ils sont restés bloqués 24h à Miyashima avec une alerte typhon. 

Taxi pour gagner la gare de Niso à 10 minutes plus bas dans la vallée. Nous reprenons le SHIMANO 5 qui remonte au cœur du Japon jusqu’à Nagano. Pour avoir travaillé dans le sport,Nagano évoque forcément les Jeux Olympiques de 1998 et donc mes potes photographes qui les avaient couverts. Je mets un message à Philippe « Ouh la la , cela ne nous rajeunit pas » textote t’il. Il est à Astana, au Kazakhstan, sur les Championnats du Monde d’Athlétisme. Les années d’agence sont loin, la vie a passé et repassé. Des souvenirs plein la tête, des rencontres, des voyages et les ambiances de JO, l'énergie qui en résulte. 

Le train remonte la vallée et s’enfonce au cœur des Alpes japonaises, les flancs de montagne sont couverts de forêts denses et escarpées. Les paysages sont magnifiques, les villages et villes moins soignées. Toujours ces réseaux de fils électriques emmélés, ces ponts rouillés, ces canalisations apparentes.  Et puis 15 minutes avant d’arriver, la montagne s’ouvre et le train s’en échappe en débouchant sur le plateau où s’étale la ville. Tout autour au loin, la chaîne des montagnes ferme l’horizon.

Le Shinkansen Nagano-Tokyo est au ¾ plein, peu de voyageurs avec bagages. Impression de trains de banlieue et que tout le monde « commute », fait la navette. Nous roulons dans la mégapole urbaine du Kansai, ce ne sont que des constructions hétérogènes agglutinées les unes aux autres trouvant à peine une respiration avec les terrains synthétiques bleu ou vert des terrains de softball que l’on voit de loin avec les gigantesques filets de protection qui les entourent.

Tokyo, changement pour la JR YOKOSUKA, train de banlieue classique. Des perturbations sur la ligne, cela s’arrête, cela repart, dans tous les cas cela traîne. Nous arriverons trop tard pour aller voir le grand Bouddha ce soir. Maël est dans ses jeux et podcasts, je passe le temps en regardants les voyageurs, en leur construisant des histoires, une vie quelque part dans la banlieue sud de Tokyo. J’ai toujours fait cela quelque soit la latitude. A Shinagawa montent 3 coquettes d’à peine 20 ans, apprêtées, les yeux soulignés d’un trait d’eye-liner noir jais. La plus grande porte une longue robe noire fendue au dessus du genou, à emmanchures américaines, des lunettes papillon dorées et des talons de 10 cm . La 2e un chemisier à carreaux rouge et blanc, une jupe évasée marron clair. Aux pieds, des mocassins à talons plats et des socquettes blanches, ce n’est plus l’uniforme de la lycéenne mais cela reste dans le code des Lolitas Pop, reste d’enfance et féminité pas encore totalement assumée. La 3e, je l’ai oublié , la beauté des deux autres l’ayant éclipsé de ma mémoire, ce sera pour une autre fois. Elles riaient toutes les trois beaucoup et sont descendues à Musasho-Kosugui. 2 écoliers et une écolière, short gris en flanelle pour les garçons, petite robe corolle pour la filles. Des bobs pour les 3. Cela chahute, le plus rond me pousse deux fois avec son sac à dos également aux couleurs de son école. 

Kamakura, l’hôtel, le NEW KAMAKURA est près de la gare, jolie chambre traditionnelle, tatamis, futons. Elle donne à l’arrière des voies, juste au dessus des quais. "On saura qu'on a râté le train"... se marre Maël.
Il est étrange, cet hôtel. Une partie ancienne datant de 1920, une partie plus moderne, celle où nous sommes, faite avec goût. J'écris ce poste depuis la réception du vieux bâtiment qui sert régulièrement à des tournages de cinéma et des shooting de mode, selon le site Internet de l'hôtel. Car on y voit personne, juste une fille à l'accueil au moment où nous sommes arrivés qui nous a enregistrés, fait payer, depuis les espaces sont vides. De clients également. Le temps ne s'écoulerait pas ponctué par les passages des trains au bout du parking, il ne serait pas au cœur de la ville, on pourrait, au regard de de son charme surranné et désert, se penser à l'hôtel Overlook, et l'histoire ne serait plus la même.* 

Nous marchons en discutant le long de l’artère qui mène à la plage de sable noir, lieu de rendez vous des étudiants qui s’étalent sur les terrasses des paillottes sur pilotis qui font le front de mer. Certains font du surf ou vont aux concerts donnés dans la grande baraque en bois bleu, « The Studio »,  d’où s’échappent des accords de guitare agressifs , la nuit tombe doucement, l’air et l'eau de l'Océan Pacifique sont doux. 

Cela sent la fin du voyage, le temps qui s’écoule différemment, la nostalgie, la France, ses soucis et contraintes, oubliés lors de cette parenthèse. 
Je suis content du temps que je passe ici avec mon fils, ces 10 jours à deux, hors de la zone de confort des habitudes générées par la vie au quotidien. Ces silences sont souvent difficiles à supporter sereinement, mais je le découvre aussi dans sa créativité barge, son humour décappant à l'acide sulfurique. Ses douleurs aussi... et son ego conséquent. Je découvre ce que c'est qu'un adolescent qui se cherche, cela faisait 35 ans que j'avais oublié. 
J'utilise souvent une phrase de l'écrivain voyageur Nicolas Bouvier, mais elle est particulièrement adaptée ici, tant sa passion du Japon était prégnante, "mais qu'est ce que voyager ? Juste promener sa peau." 

JAPON_201608_256

JAPON_201608_261

JAPON_201608_267

JAPON_201608_271

JAPON_201608_276

Demain matin nous allons visiter le Daibutsu et puis nous rentrerons sur Tokyo. Maël veut shoppinger sévère demain après midi. Nous allons repasser à Harakuju et il a repéré sur Internet « le spot » près de gare d’Ueno.

C’est un autre jour et le dernier de ce voyage. 

* C'était le quizz du soir, un test de connaissances cinématographiques. 

 

JAPON_201608_290JAPON_201608_280JAPON_201608_292JAPON_201608_286JAPON_201608_278JAPON_201608_282

Publicité
Publicité
Commentaires
TAKE A BREATH
Publicité
Archives
Publicité