LÀ S'IL NOUS ARRIVE QUELQUE CHOSE JE RENONCE

Lundi 24 juillet Retour de Cat Ba vers le continent. Depuis hier nous sommes alerté du passage du typhon Vicente de force 10 à 185 km au large de l'île, prévu pour la fin d'après midi du 24. Tous les bateaux de pêche se mettent à l'abri au fond des baies et notamment du port de Cat Ba, vision insolite, pour un français habitué à assister à la destruction du grand métier à coup de primes européennes favorisant la casse des bateaux, de plusieurs centaines (milliers ?) de bateaux amarrés les uns aux autres en grappes denses barrant la ligne d'horizon. La perspective de ce typhon entraîne une certaine désorganisation dans les horaires des bateaux rapides pour Haiphong. Déjeuner à Cat Ba ville et nous nous dirigeons vers l'embarcadère en avance afin de ne pas louper ce qui doit être le dernier bateau. Sur le quai où est amarré l'hydrofoil hors d'âge d'origine russe, déjà passablement essouflé par sa première carrière en mer noire au mi temps des années 70, nous attendent une dizaine des Bouddhas en plastiques de taille humaine, entourés de décorations, guirlandes, feuilles de nénuphars en tissus; une fête religieuse s'est déroulée la veille au soir et il s'agit désormais de rapatrier sur le continent les objets du culte. Après 40 mn d'attente sous un cagnard version tropical sauvage et après une partie de coups de coude pour embarquer, le principe de la queue est au Vietnam un concept car quelque semblant d'ordre il se soit créé l'ouverture d'un guichet ou d'une porte l'atomise en quelques dixièmes de secondes et il vous faut lutter si vous ne voulez pas rester à la porte ou sur le quai dans le cas présent. L'hydrofoil russe est vraiment fatigué, nous nous glissons à l'avant, espace surchauffé et étroit. L'on se prend à penser : et si c'était le jour, le dernier jour ? Car l'évacuation de ce cigare semblerait quelque peu problématique, d'autant plus compte tenu de la gestion des queues au Vietnam décrite plus haut. Nous prenons place, non sans faire l'objet de l'attaque directe d'un jeune couple essayant de nous piquer nos places, à Maël et moi-même. Se glissent alors deux moines accompagnés de fidèles transportant devinez quoi? Les statues de bouddha et de ses camarades,qui prennent place sur les sièges devant nous. Nous sommes désormais sous la protection du Bouddha et pouvons sommeiller, rassurés et néanmoins anesthésiés par la chaleur de la cabine, pendant les 2 heures de trajet au lieu de 45 mn en temps normal, problème de turbine... Entretemps la jeune amoureuse resquilleuse s'est extasié sur la blondeur de mon fils et son joli minois, et j'ai proposé qu'elle s'installe sur le dernier siège de la rangée côté couloir. Ce qu'ils firent avec un grand sourire et précipitation car l'amoureux de la jeunette s'y glissa aussi. J'écris donc ces lignes une fesse sur un siège une fesse dans le vide, Maël occupe l'autre moitié et tente de garder une partie de son siège...1/4...serait ce le jour où l'on s'est fait avoir ?