DE L'INFLUENCE DE LA PSYCHANALYSE SUR LE COURS DU HOUBLON

Ce blog est en jachère depuis trop longtemps, depuis un été 2012 où trop fatigué et écrasé par la chaleur du sud est asiatique il fut laissé en plan, promesses non tenues puis année compliquée, égaré.

Mais c'est toujours de la même chose qu'il s'agit. De respirez un grand coup après des moments difficiles quelles qu'en soient les raisons. Take a Breath donc... une grand bouffée d'air, une profonde inspiration, un autre point de vue donné par la distance que donne le voyage même si le sac n'est jamais vide de la vie laissée pour quelques jours de l'autre côté de l'océan. 



L'opportunité de cet automne est un voyage professionnel, un de ces séminaires dans quelque hôtel impersonnel à la même moquette et aux mêmes couleurs beige-maronnasse qu'il s'agisse de Tokyo , Abu Dhabi ou Francfort. Dans le cas présent la ville est Newport,  Rhode Island, USA amer remarquable et lieu de pèlerinage des passionnés de la chose vélique avec Cowes, Auckland. Newport, résidence d'été des tycoons américains de la fin du 19e siècle et du début du 20e, a accueilli la Coupe de l'America de 1930 à 1983. Et l'hôtel impersonnel est plus que confortable, posé sur une île, face au pont qui relie la cité à Jamestown de l'autre côté de la baie. 

C'est aussi un retour aux USA, fréquentés par le passé épisodiquement sur les jeux olympiques d'Atlanta, de Salt Lake City et pour des reportages à Los Angeles au début des années 2000. J'avais oublié ces règles que l'on respecte au millimètre, doigt sur la couture du pantalon sous peine de se faire tancer, ces questions tellement suspicieuses des contrôles d'immigration qu'elles en deviennent introspectives tant elles vous poussent à vous sentir coupable de ne rien encore avoir fait, de ne pas savoir pourquoi vous êtes là et où vous errez. Dans le même temps, tournent en boucle sur des écrans agrémentant l'attente des visiteurs des messages supposés anti anxiogènes "We're here for your security" "Welcome in the United States of America". Un panneau affiché vante la qualité de service et les engagements de la police en charge des contrôles, 10 "pledges" dont la lecture adoucirait presque les questions abruptes du contrôleur barbu. Pas de bol le jeune de la guérite de gauche semblait plus cool, empêtré qu'il était à rebrancher la connectique de l'écran tactile chargé d'enregistrer les empreintes et de la caméra qui enregistrera ma bobine et la stockera pour l'éternité dans les archives dématérialisées de la NSA comme celles de millions de visiteurs, « for our and your security ».

J’avais oublié ce pays du toujours plus, plus d'oreillers empilés sur le lit King size - j'en ai compté 6 dans la "large" suite - plus de fish & plus de chips dans une assiette grande comme un plateau au comptoir du Mudville pub, plus de freeways qui se croisent et se recroisent, de bagnoles plus grandes les unes que les autres.  

Depuis l'atterrissage à Boston partout la même enveloppe "friendly", qu'il s'agisse de s'enquérir si je préfère la France aux Etats Unis, question posée par une jolie black au comptoir d'Advantage, notre loueur de voiture (je sors mon joker quant à la réponse "I just arrived...",  au "anything else to drink, Sir? " des serveurs du bar de l'hôtel, qui augmentent de 20% les tarifs si le groupe d'assoifés en comprend plus de 4, "it's more convenient for you Sir".  J'avoue que cette dernière phrase m'a plongé dans des abîmes philosophiques dont les remugles m'empêchent encore de dormir : en quoi le fait de payer plus cher est pratique, commode pour moi ? Sans doute est ce le même principe que la psychanalyse où l’importance de l'investissement pécuniaire dans les séances fait partie de la thérapie ... les tarifs de la pinte et du verre de vin revus à la sauce lacanienne ...