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TAKE A BREATH
20 novembre 2013

CARPET BLUES

IMPROBABLY CARPET

J'aime bien le mot « séminaire » utilisé pour ces réunions professionnelles où l'on enferme toutes les parties prenantes dans un lieu clos pendant une journée ou deux autour d'un grand sujet ou d'un concept.
Dans une boîte internationale où j'ai travaillé pendant une dizaine d'années j'ai le souvenir de séminaires sur des concepts brillants - comment voyez vous votre activité / département / la société dans 5 / 10 / 15 ans et que feriez vous pour atteindre ces objectifs - qui s'avéraient dès le lendemain fumeux confrontés aux arcanes des pertes de marchés, du désastre économique dans lequel cette société s’enfonça conduite par des managers à la vision de résultats trimestriels codée Q1 Q2 Q3 Q4.

J’aime bien aussi la connotation religieuse du mot, la racine latine et son sens – pépinière - l’idée que l’on y vient pour recevoir un enseignement, en ressortir débordant d’idées nouvelles, intellectuellement plus performant et gorgé d’une motivation positive. En un mot « meilleur », même si le regard décalé qui caractérise l’esprit français dans ces réunions internationales, où la majorité des participants font preuve d’un esprit grégaire apprécié des organisateurs, conduit à prendre de la distance par rapport aux objectifs proclamés de ces rassemblements.

J’aime bien ces salles aux dimensions hors normes, ces rangées de chaises aux assises inconfortables parfaitement alignées lors des ouvertures de séances et qui finiront toujours dans un joyeux désordre.

J’aime bien le silence religieux qui règne pendant les premières interventions des petits matins cotonneux, qui s’égayeront en de moins en moins discrètes perturbations, du toussotement au raclage de gorge, de la sonnerie intempestive de téléphone au besoin pressant et au mal de tête de ceux qui ont trop traîné au bar de l’hôtel la veille au soir et ont besoin de prendre l’air, ce qui conduit à de sonores battements de porte et au regard en coin des autres participants qui rêvent de faire de même.

J’aime bien le moment où l’esprit commence à s’évader, où les présentations qui s’enchaînent, toute bâties sur la même trame – une plaisanterie ou une anecdote pour secouer d’un rire poli une assistance ramollie, 10 diapos et un bon mot final – finissent par lasser.

Aujourd’hui j’ai décollé assez vite. Cela fait 3 ans que je bosse sur le sujet , c’est ma troisième ou quatrième conférence sur le sujet, donc c’était assez facile de glaner les informations nouvelles importantes tout en se passionnant pour la moquette, au dessin et couleurs improbables, qui couvrait le sol. J'ai besoin de m'évader virtuellement de cette salle sans fenêtre, de continuer à penser aux sujets laissés en Europe. 

L’observation de ce tapis est rapidement devenue mantra, support de mes méditations «  qui suis je, où vais je, d’où viens je et dans quel état j’erre » en parfaite adéquation avec mes humeurs dépressives automnales.

Des éléments perturbateurs me sortent périodiquement de mes psalmodiassions intérieures: l’intervention du gouverneur de l’état (Est il républicain ou démocrate ? Là j'en tiens un bon! D'abord Républicain puis Indpendent et maintenant Démocrate) , l’accent à couper au couteau d’un intervenant australien qui conduit à la nécessité de reconstituer le contenu du discours (cela s’apparente à une partie de ruzzle), une phrase de l’intervenant batave qui semble suggérer que l’on essaye de nous faire prendre des vessies pour des lanternes...
Mais un regard vers le sol et son mantra visuel suffit à me faire retrouver une attitude zen et à penser positif tout en me remémorant quelques dialogues de Michel Audiard, « faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages ».

J’aime bien le moment culturel qui conclut généralement ces journées. Ici c’est la visite d’un des « Mansions », ces gigantesques manoirs rococos construits en guise de résidence d’été à la fin du 19e siècle par les tycoons américains. Rosecliff Mansion a la particularité d’avoir été construit par une femme Theresa Fair Oelrichs, héritière de mines d’argent au Nevada. Style - très - librement inspiré du Grand Trianon du Château de Versaille, la présence d’une vingtaine de cheminées gigantesques interpelle dans cette résidence qui n’était ouverte et fréquentée que 2 mois d’été.

Ces moments de visites sont des moments d’échanges, de ce sacralisé Networking entre les participants de toutes nationalités. Les idées de collaboration fusent, propulsées par les bulles de Champagne. Pour la plupart elles ne passeront pas la soirée et dans le cas présent finiront pas s’écraser sur le marbre du grand escalier.

Discussions avec le patron du tourisme de la ville qui m’apprend que l’état de Rhode Island est le plus petit état des Etats Unis avec 3140 km2 mais ces 1,05 million d’habitants n’en fait pas le moins peuplé. « Avez vous une idée du moins peuplé ? » me lance t’il . Je sèche … « Le Montana avec 990 000, mais répartis sur 380 000 km2 ».

Je m’éloigne de la troupe, me ballade de chambres en salons, de boudoirs en dressing, se prendre, le temps d'une soirée et après 3 coupes, pour un Gatsby le Magnifique à berret et baguette...
Au milieu du grand couloir qui dessert l’étage je tombe sur Joe. Joe est consultant en tourisme, spécialisé en tourisme expérientiel, cette forme de tourisme qui vise à vivre des expériences uniques, mémorables et émotionnelles. Cela génère « Big Money » et « Added Value» me dit-il, du concret quoi ! Cela se développe rapidement aux USA mais c’est pratiquement inexistant en France où il aimerait bien officier.
Echange de cartes de visites sans les lire. De retour à l’hôtel en la sortant de ma poche je jette un œil … 

Joe V. « the opportunity guy ».

Toujours ce « Think Positive », répété à l’envi, encore un mantra. Tout est possible. 

FLOWER CAKES

MANSION'S ELECTRICITY LIGHTS

SHINING

WHERE IS ...

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