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TAKE A BREATH
10 août 2014

CHAUDRON SAUVAGE

Le réveil est difficile. Les enfants se couchent un peu tard depuis quelques jours et leur motivation pour "la grande ballade" n'a jamais été probante. Petit déjeuner dans le jardin, début des négociations, regard suppliant derrière un rideau de cheveux : "Papa... pourquoi tu veux la faire aujourd'hui cette ballade ? " = Le Grand. 5 minutes plus tard après que je sois aller chercher un café dans la cuisine "Papa, j'ai mal au ventre et à la tête" = la petite qui peine à dissimuler un sourire. Et là tout y passe, le mal de pied du grand, qui a également super mal à la tête, la petite qui ne se sent vraiment pas bien et qui va être malade dans la voiture, c'est sûr. "Pitié papa ! " Aucune pitié, mais l'inertie des deux alliés d'un jour nous fait partir une heure plus tard que prévu en direction de Santana sur la VR1 via Machico. Nous passons à côté de l'aéroport puis la voie express se glisse en dessous, au milieu des 180 piliers de soutènement de la piste de 2781 mètres. C'est vraiment impressionnant de voir cette piste à 30 mètres au dessus de l'eau, d'autant plus que lors de l'atterrissage le 4 août on s'est parfaitement rendu compte que les pilotes ne jouaient pas à Tetris pendant leur approche au ras de l'île et pas bien haut au dessus de la mer. La route s'éloigne de la côte après Machico et traverse l'île par une série de tunnels. C'est un élément clé de Madère, les tunnels. Il y en a partout, dans tous les sens. Apparemment financés sur fonds européens afin de faciliter les déplacements sur cette ile au relief torturé. Sortie de la voie express à Santana, remontée par une petite route vers le Pico das Pedras. On se gare à Rancho Madeirense. Une famille française jaillit d'une voiture garée à proximité et part sur le sentier, fleur au fusil, enthousiaste et alerte. Nous allons les revoir... pour le moment j'ai attaqué le Geek tendance chevelu afin qu'il enfile ses pompes de marche et daigne quitter ses chaussures de ville. Vu qu'il s'est mis en version pré ado typique cela prend un peu de temps. Et si on ajoute le facteur météo, cela bruine légèrement et nous sommes dans les nuages, qui entraîne une tentative de renégociation vite brisée face à la diplomatie poutinienne dont je fais preuve dans l'instant, ce n'est pas dans ce dernier, d'instant, que nous prenons de le départ. A 11 h nous sommes à pied d'œuvre sur le Percusos Recomendados Joel qui mène à l'entrée du parc de Queimadas. Nous atteignons le vrai départ de la randonnée après un peu plus d'un kilomètre de chemin qui sillonne dans un forêt magnifique. 2e parking à l'entrée du parc, nous nous glissons entre les groupes de marcheurs, passons à côté d'une grande maison au toit de chaume. Jérôme et Charlotte nous ont dit y avoir dormi avec une troupe Zino lorsqu'ils avaient fait cette balade, un exploit pour les madériens car l'autochtone ne se sent que très peu concerné par la randonnée à moins qu'elle ne soit parsemée de petits cafés et qu'elle soit circonscrite à un maximum de 1h de temps ... en comptant les cafés. Nous remontons à contre courant le Levada du Calderão Verde au milieu de la forêt primaire. Le chemin qui borde le canal est étroit et rapidement nous sommes suspendus sur ce fil ténu qui s'accroche au flanc de la montagne. Maël marche loin devant. Lena s'est mis en mode "je vais te raconter une histoire de 5 heures " durée présumée de la ballade. Je rentre les écoutilles et passe en mode plongée : je sais qu'elle me parle, mais je limite ma perception au changement de tonalité dans sa voix qui généralement indique une question à mon endroit à laquelle je me dois de répondre, bon père que je suis. Après 1h elle s'essouffle un peu et, alerte rouge, la tonalité change. "Alors papa, c'est maintenant que tu dois poser les questions.... " Arggggg ! Damned ! Je suis pris en faute, je n'ai pas suffisamment d'éléments pour formuler la moindre phrase ayant le moindre lien de près ou de loin avec le discours de ma fille. Son monde va s'écrouler, sa confiance s'évanouir , comment en sortir ? "Les questions, ma chérie ?" Je joue la montre , espérant qu'un grizzli madérien (donc pas trop actif), voir un orque à l'haleine chargée vont sortir de la forêt et me permettre de garder mon aura de "papa, je t'aime". Mais rien, pas de bol, la vie sauvage semble un tantinet léthargique sur ce sentier. "Ben oui , les questions : maman elle a toujours des questions quand je raconte mes histoires de spectacle de danse". Yessssssss! Voilà la faille ! Je suis sauvé, je remercie Dieu sur la Montagne! Alleluia ! Glory Be ! Sonnez tambours , résonnez trompettes, v'la t'y pas qu'on va au bal musette ! Regard torve , je regarde ma blondinette par en dessous, un imperceptible sourire aux lèvres "Et quelles questions elle poserait, maman ?" Et là, hop , c'est reparti, la loghorrée baletienne et ses entrechats Lenaniennes s'envolent de nouveau sous les fougères. La balade est magnifique. 7 km le long de ce canal au milieu de la jungle. Farandole de verts, douceur de l'air humide. Nous arrivons sur une série de 4 petits tunnels . Lena a décidé qu'elle était cheffe de la lampe frontale. Elle marche devant mais éclaire mon visage au lieu de la voute ou du sol. Ça ne manque pas, je me prends la voute. Après les tunnels encore 40 minutes de marche jusqu'au Chaudron Vert (Calderão Verde) et sa cascade de 70 m. Nous avons mis 2h45, soit à peine 15 minutes de plus que le temps estimé sur les guides. L'endroit est magnifique , un peu trop fréquenté et à peine troublé par de rondouillardes touristes qui se déssapent pour enfiler des bikinis, vite absorbés par leurs plis de graisse adipeuses, avant de plonger dans le bassin au pied de la cascade. Le temps gris et la brume ne nous motivent pas à faire de même. Piquenique les fesses au frais car le coin est humide puis re descente. Maël est censé nous attendre après les 4 tunnels, il ne le fait pas ... Lena voit que je suis agacé. "Qu'est ce que tu vas lui faire, Papa ?" "L'écarteler, le hacher menu menu, puis le faire revenir à la poêle avec de l'ail et du persil." "Meuh non, en vrai Papa ? " "Ben je sais pas , toi qu'est ce que tu ferais ? " "Ben si on le tenait et que tu lui arrachais les cheveux un à un , pis après tu ferais pareil avec les poils de moustache ? Et après, bam ! Coups de pieds dans les bouboules ! " Nous finirons par rattraper le chevelu qui a désormais la coupe de cheveux de Monsieur Propre et une voix légèrement plus aigue. Il regarde son Papa craintif et sa sœur avec amour car nous lui avons expliqué à quels autre sévices il avait échappé grâce à elle. Nous retrouvons notre famille française partie fleur au fusil : sur le chemin le père s'est assommé juste devant nous dans un tunnel, ce qui a contribué à tendre les relations père/fils , ce dernier n'ayant lui aussi pas éclairé là où il fallait. Des "me réponds pas !!!! " ont jailli de la forêt, et la balade bucolique s'est transformée en Shining le père rêvant également d'étrangler le fils et ne supportant pas les patates affichées par sa femme et sa fille, qui en rajoutent dans le côté "chez nous ce sont les femmes qui assurent. Il semble que l'origine des tensions de cette famille venait de l'oubli d'un piquenique qui laissa le fils, Max, à la limite de l'hypoglycémie. "Max, je te promets, on va trouver quelque chose à manger... remarques tu peux peut-être attendre le dîner maintenant , vu qu'il est 17h". Aux dernières nouvelles, Max est sous perfusion de glucose à l'hopital de Funchal. Retour à Funchal et au Clube de Turismo où nous retrouvons Jérôme et Charlotte pour un apéro Coral / Sprite / Lapas et Boco no Alho (Patelles et pain à l'ail) en compagnie de Maël, qui bat Jérôme sur le nombre de coquillages avalés à la minute, Lena et Caroline reprenant l'entrainement de natation synchronisée. Nous déposons les Prévost-Zino qui doivent préparer leurs bagages pour prendre le bateau pour Porto Santo dimanche matin. Dîner à la Casa de Pregos, à deux pas du restaurant d'hier soir. Nous avalons Pregos, Salade de Thon et Steak Oeuf au plat frites . Le patron est sympa, nous nous installons à une table dans la rue et sommes les seuls clients à côté d'une table de mâles madériens hauts en décibels comme en taux d'alcoolémie. "Ils sont bourrés" déclare Lena sans ambage, entre deux frites, 3 morceaux de steak, le blanc de l'œuf mais pas le jaune, 3 cuillères de riz mais pas les carottes râpées ni la salade. "17 sur 20 pour l'adresse" affirme Maël. Nous reviendrons.

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